MARTINIQUE: des bandes rivales attaquent les gendarmes

Publié le par SIPM/FPIP

La population au secours des gendarmes

L. M.-M. / Francis GOM France-Antilles Martinique 29.07.2009

Quelques gaz lacrymogènes permettent aux militaires de dégager l'un des leurs, sérieusement blessé au visage. La jeep de gendarmerie a reculé avec le blessé à son bord, pour le mettre à l'abri. (Francis Gom/France-Antilles)
Attaqués par plusieurs bandes rivales de jeunes, les militaires ont été la cible de tirs de projectiles. Retranchés dans l'école élémentaire de la commune, ils ont réussi à s'extraire des lieux grâce à un barrage humain, formé par la population. Consternés, affligés, déçus, les mots manquent pour exprimer le sentiment des Prêchotins, à l'issue des échauffourées dans leur commune. Hier, en début d'après-midi, alors que la population attendait l'étape du jour du Tour de la Martinique, l'impatience et l'alcool ont excité certains esprits. Plusieurs bandes de jeunes du Nord-Caraïbe ont déclenché les hostilités vers 14 heures, entre le podium et l'espace culturel Samboura. À l'origine de cette bagarre, un différend ancien sur le vol d'un scooter. C'est lors de l'intervention d'une patrouille de gendarmes pour les séparer que tout a dérapé. « Les bandes se sont aussitôt liguées contre nous » , raconte le capitaine de la compagnie de Fort-de-France, présent sur les lieux à ce moment-là. « Ils étaient une bonne trentaine. Ils ont lancé des cailloux, des canettes, des bouteilles en verre. » Mêlés à la population, les jeunes sont alors difficiles à stopper. Quelques gaz lacrymogènes permettent aux militaires de dégager l'un des leurs, sérieusement blessé au visage.
Débute ensuite une véritable bataille de position, avec d'un côté les jeunes, postés au niveau de l'espace Samboura, et de l'autre les gendarmes, obligés de se replier vers l'école élémentaire.
Barrage humain
L'affrontement dure une bonne trentaine de minutes, jusqu'au retournement de situation. « Quand je suis arrivé, raconte le maire du Prêcheur, Marcellin Nadeau, les projectiles fusaient de toutes parts. Grâce aux élus et avec l'aide de la population, un énorme travail a été effectué pour calmer les jeunes. »
Excédée, la population a donc décidé de mettre elle-même un terme aux débordements. Pour permettre aux gendarmes de quitter l'établissement scolaire, les Prêchotins ont formé un barrage humain pour s'interposer entre les deux parties. Au total, les gendarmes déplorent 20 à 25 blessés, la plupart légèrement. Seize d'entre eux ont été pris en charge par les pompiers, directement au poste de commandement de la course. Cinq autres présenteraient des traumatismes de la face plus graves : ils ont aussitôt été conduits au CHU de Fort-de-France. Parmi les civils, les pompiers ont recensé trois blessés légers.
Pour Marcellin Nadeau, ce qui est arrivé au Prêcheur révèle un problème de délinquance juvénile global : « On l'a échappé belle. Il faut tirer des leçons de tout ça, et débuter une action au-delà des limites communales. Aujourd'hui, il n'existe pas de véritable dispositif de prévention. On va au-devant d'énormes problèmes si on ne réagit pas. » C'est également un message de vigilance qu'il lance à ses homologues des autres villes-étapes, afin d'éviter de ternir l'image du Tour des yoles.
Hier soir, un dispositif renforcé de gendarmerie est resté en place jusqu'à minuit environ. Une équipe de surveillance est quant à elle restée toute la nuit, pour éviter de nouveaux débordements.
- Appel à témoins
Suite aux échauffourées qui se sont déroulées au Prêcheur hier, la brigade de gendarmerie de Saint-Pierre lance un appel à témoin à toutes personnes qui auraient des photos, film ou tous moyens pouvant identifier le ou les personnes impliquées dans cette affaire. Prière de contacter la gendarmerie de Saint-Pierre au 05.96.78.10.34.
- RENCONTRE - Les regrets de Marcellin Nadeau
Marcellin Nadeau, maire du Prêcheur.Marcellin Nadeau, maire du Prêcheur.
Hier à 13 heures, nous avons rencontré le maire du Prêcheur, Marcellin Nadeau. Après la tempête Cindy en 1993, l'image de la commune du Nord-Caraïbes avait été ternie. L'arrivée de cette étape était une des occasions de redorer le blason prêchotin. Mais le sort a voulu que l'étape soit neutralisée. « C'est vrai qu'en apprenant la nouvelle, j'ai été très déçu. Mais en même temps, j'ai été très compréhensif. Pour le principe de précaution, la décision prise a été la bonne. Nous n'allions pas pousser des gens à aller sur la mer, il ne fallait pas jouer avec leur vie. »
Il n'empêche que tout était prêt pour que le Prêcheur montre son meilleur visage : bourg propre, services de sécurité en place... Soit 25 employés municipaux mobilisés, la présence du SDIS, de 163 gendarmes, 26 agents de sécurité... « Pour prendre une expression un peu pompeuse, au Prêcheur, nous faisons du marketing territorial. Nous voulons changer l'image de notre commune, lui donner un caractère attractif. »
Pour ce faire, le Prêcheur peut faire valoir de réels atouts comme la forêt, la mer et une politique ambitieuse. Ainsi, un office des sports a été créé l'an dernier afin de diversifier l'offre de disciplines sportives entre autre avec la renaissance de l'aviron ou l'arrivée de la natation en mer. « On veut être une commune d'avant-garde, nous regorgeons d'atouts environnementaux. »
Mais lorsque nous avons rencontré le maire, personne ne savait qu'une heure plus tard, la fête serait gâchée par la violence. Rien n'indique que ce sont des Prêchotins qui ont mis le feu aux poudres. En attendant, le maire du Prêcheur va devoir encore travailler pour améliorer l'image de sa ville!

Publié dans police rurale

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