Georges TRON et "l'HUMANITE" du 13 juin 1996

Publié le par SIPM/FPIP

L'humanité du 13 juin 1996:

http://www.humanite.fr/1996-06-13_Articles_-Le-depute-RPR-de-Ris-Orangis-accuse-d-utiliser-les-casseurs

Le député RPR de Ris-Orangis accusé d’utiliser les casseurs

Selon le maire socialiste de Ris-Orangis, le député RPR de cette circonscription de l’Essonne aurait utilisé les groupes qui se sont livrés dimanche soir à des actes de vandalisme. Les communistes de ce département condamnent cette violence et exigent que toute la lumière soit faite sur cette affaire

LA violence qui sévit dans certaines banlieues servirait-elle quelques intérêts politiciens ? On a appris hier, en effet, par le journal « Libération » que, à la suite d’actes de vandalisme auxquels se sont livrés une quinzaine d’adolescents dimanche soir contre la piscine et la bibliothèque du plateau de Ris-Orangis, l’attaché parlementaire de Georges Tron, député RPR de la circonscription et maire de Draveil, aurait lundi matin tenu des propos téléphoniques avec un éducateur de rue de Ris-Orangis qui - s’ils étaient confirmés - prouveraient que l’élu RPR encouragerait les casseurs. Enregistrée, cette stupéfiante conversation est publiée par « Libération ». On relève notamment certains propos de l’attaché parlementaire : « Il y aura Georges Tron avec toi », et l’éducateur qui répond : « Attends, même si les jeunes ils cassent ! » Son interlocutrice : « Faut quand même qu’ils fassent gaffe de ne pas trop nuire aux autres Rissois »… L’éducateur : « Mais pour les édifices publics, tout ça ? » Et l’attaché parlementaire de répondre : « Alors ça, y’a pas de problème, hein ! »

Une affaire.

bien obscure

Ces « révélations » accusent directement le député RPR, qui s’est rendu dimanche soir, comme Thierry Mandon, maire socialiste de Ris-Orangis, sur le plateau où venaient de se produire les incidents. Version de Thierry Mandon, maire de Ris-Orangis : « J’ai été prévenu lundi matin par un éducateur de rue de ma commune, qui venait de recevoir une communication de l’attaché parlementaire de Georges Tron. L’éducateur qu’elle cherchait à joindre en vue de lui proposer une rencontre avec le député n’était pas là. Je l’ai donc fait rappeler par un autre éducateur qui s’est fait passer pour la personne que cherchait à joindre l’attaché parlementaire. En ma présence, ainsi que celle de trois officiers de police judiciaire, nous avons enregistré la conversation. Celle-ci a été communiquée dans l’après-midi au journal « Libération »… »

Version du député RPR Georges Tron : « Le soir des incidents, je me suis rendu sur place, dit-il. Des jeunes ont manifesté le souhait de me rencontrer le lendemain. Avec une naïveté, qui plaide plutôt pour son innocence, lundi matin, ma collaboratrice passe un coup de fil à la mairie de Ris-Orangis pour contacter un dénommé Amar, qui est éducateur et que je connais. L’objectif de l’appel est de fixer un rendez-vous. Or, il se trouve qu’Amar n’est pas là. Ma collaboratrice laisse son numéro de téléphone. On l’a rappelle. Elle tombe sur quelqu’un qui affirme être Amar et veut lui faire dire des choses surprenantes du style : est-ce qu’il faut casser tout dans Ris-Orangis. Elle me fait part de cette conversation. Je lui répond qu’il est hors de question de se livrer à des actes de violence, que je souhaite rencontrer les jeunes. Puis la presse s’est emparée de l’affaire… »

Georges Tron signale que sa collaboratrice habite avec ses deux enfants sur le plateau de Ris-Orangis et qu’elle avait été elle-même agressée dimanche après-midi par des jeunes. A priori, « je lui fais confiance, car téléphoner pour laisser un message de violence me semble absurde ». Il fait aussi remarquer qu’il y a eu « usurpation d’identité. Ma collaboratrice n’a pas eu Amar au bout du fil ». « Il semblerait, ajoute-t-il, que l’enregistrement ait été fait sans aucun contrôle légal », et parle de « manipulation à des fins politiques évidentes »… L’affaire est pour le moins obscure. L’élu RPR affirme qu’il se séparerait « sur le champ » de sa collaboratrice et ferait des excuses aux Rissois « s’il s’avérait qu’elle a tenu « les propos irresponsables » rapportés par la presse. « Mais je pense qu’il y a eu manipulation et j’ai donc demandé à mon avocat de déposer plainte… »

Pour la population de Ris-Orangis, ce mauvais roman policier n’excuse en rien le fait que des bandes terrorisent le plateau, en saccageant des établissements publics comme une piscine ou une bibliothèque. Il n’excuse pas non plus des décisions qui attisent la colère dans cette lointaine banlieue parisienne. Il faut savoir, en effet, que, à l’instar du maire RPR d’Etampes, toujours dans l’Essonne, à la demande du Trésor public, le maire de Ris-Orangis vient d’autoriser la saisie des allocations familiales d’une vingtaine de familles qui ont des dettes à l’égard des services municipaux (crèche, cantine, centre de loisirs, etc.). Même s’il est difficile de prouver qu’il existe un lien entre cette décision et les violences de dimanche soir, cette politique fiscale en dit long sur les discours du gouvernement Juppé concernant les quartiers difficiles, où canicule, chômage et désespérance semblent former ces jours-ci un cocktail détonant. Ainsi à Grigny et à Corbeil, toujours dans l’Essonne, où la nuit de mardi à mercredi a été le théâtre de nouvelles flambées de violence.

PIERRE AGUDO

Publié dans police rurale

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