Une étude révèle l’insuffisance des effectifs de police et de gendarmerie sur le terrain

Publié le par SIPM/FPIP

Selon une étude des criminologues Alain Bauer et Christophe Soullez, le poids des « charges indues » pèse lourdement sur les missions de sécurité publique.

Stagnation des effectifs policiers et gendarmes, augmentation des charges judiciaires, moindre présence sur le terrain. Tel est, en substance, le constat dressé par une étude réalisée par Alain Bauer, professeur de criminologie au Cnam et Christophe Soullez, criminologue, et publiée en exclusivité sur le site web de la Gazette.

Véritable état des lieux statistique des effectifs policiers réellement présents sur le terrain, l’étude, intitulée « Où sont les policiers et les gendarmes ? », n’est pas la première du genre. Déjà, en 1999, dans nos pages, le même Alain Bauer soulevait la polémique en révélant, chiffres à l’appui, le faible nombre de policiers nationaux affectés sur la voie publique. Il estimait notamment à « environ 5 000 agents disponibles » le nombre de fonctionnaires déployés sur le terrain « à un moment donné de la journée ».

Dix ans après, qu’en est-il ? Les nombreuses réformes de la décennie écoulée, comme la création éphémère d’une police de proximité en 1999, l’instauration de communautés de brigades en 2003 ou encore, vaste chantier, le redéploiement des services de police nationale et des unités de gendarmerie entre 2002 et 2006, ont-elles eu l’impact attendu ?

Stabilité des effectifs
Premier enseignement à tirer : le nombre de policiers et gendarmes, hors personnel administratif technique ou scientifique, a « peu varié » sur la période, atteignant 222 059 fonctionnaires ou militaires en 2008 contre 221 739 en 1998, soit une augmentation de 0,1%. Et ce, « alors même que la population française a augmenté de manière significative [+5,8% entre 1999 et 2007] et dans un contexte de radicalisation de la violence interpersonnelle » confient les auteurs.

Augmentation des charges indues
L’étude révèle en outre que si des efforts ont été engagés afin de réduire certaines tâches dites « indues », comme les activités administratives, ou de limiter les détachements et mises à disposition des personnels, d’autres tâches continuent à peser lourdement sur le potentiel mobilisable des effectifs de la sécurité publique et sur le nombre d’heures qu’ils devraient, en principe, consacrer aux missions de protection de la population.

C’est notamment le cas des charges judiciaires (police des audiences, tenue des dépôts, escortes des détenus pour soins ou présentation, comparution, extraction, transferts des détenus), qui, en équivalent temps plein, ont augmenté de 4% pour la police et de 16,8% pour la gendarmerie départementale, entre 1998 et 2008.

De même, les missions de maintien de l’ordre, qui relèvent le plus souvent de la police nationale, ont augmenté de plus de 56% sur la même période.

Au total, si l’on comptabilise l’ensemble des charges judiciaires, des gardes statiques, des détachés et mis à disposition, des maladies et maternités, des blessures en service et des formations, ce sont 11,9% des effectifs de police nationale et de gendarmerie qui sont considérés comme « indisponibles ».

Résultat : Un policier pour 753 habitants
En conséquence, selon Alain Bauer, « lorsqu’on prend le chiffre global des effectifs de sécurité publique, police et gendarmerie nationales, et que celui-ci est comparé au chiffre obtenu une fois retranchés les effectifs indisponibles et ceux nécessaires au fonctionnement normal des services [absent du terrain, ndlr], on passe du simple au double ».

Ainsi, on passe d’un policier « sécurité publique » pour 409 habitants à un pour 753 et donc près de 70 700 fonctionnaires à seulement 38 300. « Et encore, sans tenir compte des cycles de travail ou des absences pour congés », relèvent les auteurs. De même, on passe d’un gendarme pour 485 habitants à un pour 994.

Que faire ?
Partant de ce constat, les auteurs de l’étude formulent une série de préconisations, au premier rang desquelles la poursuite de « la rationalisation de l’implantation territoriale des forces de sécurité intérieure ». Et de proposer, notamment, de confier à la seule sécurité publique les agglomérations urbaines, qui constituent « la réalité géographique des nouveaux bassins de criminalité », tandis que la gendarmerie nationale prendrait la responsabilité d’assurer la sécurité publique des territoires ruraux.

Source : La Gazette des Communes

 

 

 

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Publié dans police rurale

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